Résolution n° 24 : Assurer notre avenir : renforcer les politiques industrielles afin de stimuler la fabrication et protéger l’environnement

ATTENDU QUE les États-Unis, le Canada et l’économie mondiale continuent d’être confrontés à de grands défis économiques et environnementaux dont les causes sont complexes, mais que ces défis présentent également de grandes possibilités;

ATTENDU QUE les secteurs manufacturiers aux États-Unis et au Canada ont constitué une voie d’accès essentielle à la classe moyenne, ont été le fer de lance de l’économie de chacun de nos pays et ont contribué à la croissance d’un secteur énergétique robuste;

ATTENDU QUE des employeurs irresponsables ont créé de sérieux problèmes environnementaux dans les localités ici et à l’étranger où ils exercent leurs activités, une des nombreuses façons dont ils ont traité leurs travailleurs injustement;

ATTENDU QUE les employeurs responsables qui ont investi dans le contrôle de la pollution et les technologies efficaces ont développé leur aptitude à faire face à la concurrence sur le marché mondial;

ATTENDU QUE la demande mondiale de produits manufacturés moins polluants s’accroît aux États-Unis et que les produits fabriqués au Canada comptent parmi les plus propres au monde;

ATTENDU QU’une économie axée sur des technologies propres offre des possibilités extraordinaires, non seulement pour l’environnement mondial, mais aussi pour les travailleuses et travailleurs américains et canadiens dans les secteurs de la fabrication, de la construction et des services;

ATTENDU QUE les programmes environnementaux, tels le contrôle de la pollution, la réduction du dioxyde de carbone et du méthane, l’utilisation restreinte des substances toxiques, les processus chimiques plus sécuritaires, le recyclage, l’efficacité énergétique et un meilleur entretien, ont également le potentiel de créer et de préserver des millions d’emplois;

ATTENDU QUE le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies confirme que, d’après tous les scénarios d’émissions envisagés, la température en surface à l’échelle de la planète continuera d’augmenter tout au moins jusqu’au milieu du siècle, ce qui aura un effet dévastateur sur l’économie mondiale, l’approvisionnement alimentaire, la santé des êtres humains et la biodiversité;

ATTENDU QUE des pays dans le monde entier continuent de mettre en œuvre l’Accord de Paris signé lors de la Conférence des Parties des Nations Unies de 2015, dans le but de limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 oC et de poursuivre les efforts en vue de limiter le réchauffement à 1,5 oC, ce qui exigera une réduction considérable du CO2 et d’autres émissions de gaz à effet de serre dans les décennies à venir;

ATTENDU QU’UNE collaboration internationale sans précédent est essentielle pour s’attaquer aux changements climatiques, aux pluies acides, à l’appauvrissement de l’ozone, à la déforestation et à la perte de biodiversité parce que ces répercussions ne connaissent aucune frontière et posent des menaces graves à la viabilité économique et environnementale de nos deux pays;

ATTENDU QUE de nombreux pays, États, provinces, autorités locales et entreprises doivent élaborer des plans en vue d’atteindre leurs objectifs déclarés de réduire à zéro leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, et leurs objectifs de réduction transitoire de leurs émissions avant 2050;

ATTENDU QUE des politiques énergétiques et environnementales bien conçues et des investissements dans les technologies propres rendent nos localités plus salubres, créent et maintiennent des emplois permettant de subvenir aux besoins des familles américaines et canadiennes, stimulent l’innovation et aident les fabricants à être plus efficaces sur le plan énergétique, et plus compétitifs à l’échelle mondiale;

ATTENDU QUE, il est essentiel que les populations ouvrières américaine et canadienne jouent un rôle à la fois dans l’élaboration des politiques énergétiques, environnementales et manufacturières, et dans l’économie axée sur les technologies propres même;

ATTENDU que les travailleuses et travailleurs peuvent garantir les avantages économiques et environnementaux supplémentaires de ces politiques en aidant les décideurs politiques à concentrer leurs efforts en matière de développement économique sur le maintien des emplois existants et la création de nouveaux emplois dans les localités qui ont été dévastées par les pertes d’emplois et les fermetures d’usines;

ATTENDU QUE la relance de notre économie en vue d’une indépendance énergétique exige que les gouvernements américain et canadien adoptent une approche stratégique axée sur l’investissement intérieur dans l’exploitation minière, la fabrication, et dans la production nationale d’énergie;

ATTENDU QUE les investissements dans nos secteurs de l’énergie, de la technologie et des transports, et les chaînes d’approvisionnement qui y sont associées permettront de créer et de maintenir des emplois et de fournir des pièces utilisées dans les technologies propres, comme le captage et la gestion du carbone; l’énergie nucléaire, éolienne et solaire, la biomasse, l’hydroélectricité, la géothermie, l’hydrogène, les batteries et les carburants liquides;

ATTENDU QUE les travailleuses et travailleurs sont particulièrement touchés par les politiques environnementales, notamment la main-d’œuvre des secteurs de l’énergie, de la fabrication, des transports et des autres industries connexes;

ATTENDU QUE l’innovation en matière de produits chimiques plus sécuritaires augmente davantage les possibilités d’emploi, compte tenu des progrès réalisés en matière de technologies et de produits chimiques de remplacement intrinsèquement plus sécuritaires promettant de créer et de maintenir des milliers d’emplois qui produisent et utilisent des solutions moins toxiques et moins polluantes que les produits et les processus chimiques que nous utilisons dans nos lieux de travail, nos hôpitaux et nos écoles;

ATTENDU QUE la mise à jour et l’amélioration des systèmes d’infrastructures hydrauliques, électriques, de communication et de transport aux États-Unis et au Canada sont nécessaires pour assurer la croissance économique ainsi que la sécurité et la salubrité de l’environnement dans nos localités, nos lieux de travail et nos pays, aujourd’hui et à l’avenir;

ATTENDU QUE l’adoption de la loi sur l’investissement dans les infrastructures et les emplois (Infrastructure Investment and Jobs Act), de la loi sur la création d’incitatifs utiles à la production de semiconducteurs et sur la science (CHIPS and Science Act) et la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) aux États-Unis a permis d’investir une fois par génération dans les infrastructures matérielles du pays et d’investir des milliards de dollars dans l’avenir de la fabrication actuelle et émergente;

ATTENDU QUE, au Canada, le Syndicat des Métallos s’est battu pour assurer l’inclusion de représentants syndicaux au sein du Conseil du partenariat pour des emplois durables après avoir plaidé avec succès en faveur de la modification et de l’adoption de la Loi sur les emplois durables, qui permet aux syndicats industriels de participer directement à la planification d’une économie plus propre;

ATTENDU QUE le Syndicat des Métallos a orienté le mouvement ouvrier en établissant le lien entre les enjeux environnementaux et les répercussions économiques. Notre syndicat a continué d’affirmer notre engagement envers le militantisme environnemental décrit dans le Rapport du groupe de travail sur l’environnement des MUA de 1990, l’énoncé de politique de 2006 du Syndicat des Métallos « Protéger le monde de nos enfants » et notre travail continu à l’égard des politiques énergétiques et environnementales;

ATTENDU QUE notre syndicat a aidé à forger des alliances entre les syndiqués et les militants environnementaux, qui se sont unis dans leur engagement envers de bons emplois et un environnement sain, notamment la coalition nationale pour de l’air pur (National Clean Air Coalition), l’alliance pour des emplois durables et l’environnement (Alliance for Sustainable Jobs and the Environment), l’alliance Apollo pour de bons emplois et des énergies propres (Apollo Alliance for Good Jobs and Clean Energy), ainsi que des douzaines de coalitions régionales et locales. En 2006, le Syndicat des Métallos a cofondé l’alliance BlueGreen, un puissant partenariat stratégique aux États-Unis se composant de syndicats et d’organisations environnementales qui s’efforcent ensemble de protéger les emplois syndiqués et l’environnement. En 2008, au Canada, notre syndicat a établi l’alliance BlueGreen Canada avec Environmental Defence Canada, qui comprend maintenant d’autres organisations œuvrant ensemble dans des domaines clés, comme le commerce mondial, l’utilisation des substances toxiques dans l’activité commerciale, la création d’emplois dans le secteur de la production de technologies propres, l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies dans le but de contrer les changements climatiques, l’utilisation stratégique des minéraux critiques à mesure que nous nous dirigeons vers une économie à faibles émissions de carbone, et de protéger les ressources et les emplois au Canada.

PAR CONSÉQUENT, QU’IL SOIT RÉSOLU QUE :

  1. Dans le sillage des changements économiques et environnementaux, le Syndicat des Métallos continuera de lutter pour protéger ses membres et leurs industries, et il s’efforcera de préparer nos lieux de travail afin qu’ils soient plus sécuritaires, plus salubres, ainsi que prêts à répondre aux besoins de l’économie future.
  2. Le Syndicat des Métallos s’oppose à toutes les tentatives d’abolir les lois et les règlements qui protègent notre santé, notre sécurité et notre environnement, et celles qui investissent dans les industries qu’il représente.
  3. Pour nous attaquer aux changements climatiques et à d’autres types de pollution nous adopterons et appuierons des approches équilibrées qui maintiennent et créent des emplois syndiqués permettant aux familles de subvenir à leurs besoins, et qui font progresser nos sociétés vers l’indépendance énergétique.
  4. Notre syndicat soutient les initiatives internationales, comme le processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), exigeant que tous les pays participent à la lutte contre les changements climatiques et garantissant la justice pour toute la population ouvrière dans le cadre du processus, pendant que nous cherchons à atteindre la carboneutralité à l’échelle mondiale d’ici 2050.
  5. Le Syndicat des Métallos soutient une politique englobant tout ce qui précède et comprenant une production et une utilisation plus propres des combustibles traditionnels, et l’innovation et le déploiement de l’énergie nucléaire, hydraulique et éolienne, de la biomasse, de l’énergie solaire et géothermique, de l’hydrogène, du stockage dans des batteries, et d’autres sources d’énergie propre.
  6. Nous défendrons et protégerons des politiques industrielles axées sur la relance de la fabrication, l’élaboration de stratégies pour l’utilisation des minéraux critiques, l’établissement de chaînes d’approvisionnement résilientes, la protection des emplois aux États-Unis et au Canada, ainsi que la réforme du commerce afin d’extraire, de fabriquer, de construire et d’exploiter de manière responsable les technologies essentielles. Nous soutiendrons les politiques visant à faire progresser le développement économique et la formation professionnelle dans les localités dévastées par les pertes d’emplois.
  7. Notre syndicat continuera de demander des investissements publics et privés dans l’innovation et le déploiement de technologies propres qui incluent l’efficacité énergétique et la décarbonation dans le secteur industriel; la réindustrialisation des sites nucléaires et l’inclusion de l’énergie nucléaire dans les initiatives en matière d’énergies propres, comme le Cadre de référence pour les obligations vertes du Canada, des technologies de captage, d’utilisation et de séquestration du carbone à la fois pour les installations industrielles et les centrales électriques; des technologies pour l’élimination du dioxyde de carbone; la récupération assistée des hydrocarbures et le développement de technologies de combustibles fossiles de pointe; l’accroissement de la production combinée de chaleur et d’électricité; l’amélioration des infrastructures de transport, de communication, énergétiques et hydrauliques essentielles; l’octroi de crédits d’impôt aux consommateurs pour améliorer l’efficacité énergétique de leur maison; la production nationale d’énergie propre et de technologies des transports; l’énergie renouvelable; des technologies nucléaires de pointe; l’extraction directe dans l’air; l’innovation en matière de combustibles, y compris l’hydrogène propre et les biocombustibles; l’établissement de chaînes d’approvisionnement résilientes, des matières premières jusqu’à la fin du cycle de vie; l’achat de matériaux de construction plus propres; et la rénovation des bâtiments en vue de réaliser des économies d’énergie. Les investissements publics dans les entreprises privées doivent dépendre de leur engagement manifeste à protéger les droits de la main-d’œuvre, notamment de former un syndicat et de négocier collectivement sans ingérence ni crainte de représailles.
  8. Nous exhorterons les gouvernements et les entreprises à mettre au point des programmes d’atténuation des gaz à effet de serre en collaboration avec la main-d’œuvre afin de veiller à ce que les plans soient transparents et réalisables, et exigent que toutes les parties s’assoient à la table de négociation.
  9. Notre syndicat est favorable à ce que les politiques environnementales et énergétiques s’accompagnent d’une aide à la transition pour les travailleuses et travailleurs, les localités et les industries. En cas de pertes d’emplois, les travailleurs devraient avoir accès à une aide salariale, à des prestations de soins de santé, à des indemnités de rééducation professionnelle et de recherche d’emploi, à une prestation complémentaire de retraite pour la main-d’œuvre plus âgée, ainsi qu’à d’autres soutiens.
  10. Dans le cadre de toute politique nationale ou fédérale de lutte contre les changements climatiques, notre syndicat appuie un mécanisme de rajustement des coûts appliqué aux frontières par l’entremise d’un régime commercial visant à égaliser les coûts du carbone des produits nationaux et importés provenant d’industries à forte intensité énergétique et exposées au commerce, garantissant ainsi que les lois nationales n’entraînent pas le transfert d’emplois et d’émissions de carbone vers d’autres pays.
  11. Notre syndicat continuera de lutter pour réduire l’exposition aux produits chimiques toxiques et la production de déchets toxiques, prévenir les incidents chimiques catastrophiques, encourager le recyclage, protéger les personnes qui dénoncent les crimes contre la santé, la sécurité et l’environnement, permettre d’éviter la pollution au sein des localités qui ont des répercussions sur la main-d’œuvre et les collectivités, et établir des politiques commerciales qui protègent l’environnement.
  12. Nous continuerons d’encourager nos employeurs à investir dans les nouvelles technologies afin qu’ils demeurent concurrentiels à l’échelle mondiale, réduisent la pollution et emploient nos membres à long terme. Nous nous efforcerons de soulever les enjeux environnementaux à la table de négociation, de créer des comités mixtes sur l’environnement chez nos employeurs et d’obtenir la divulgation complète à notre syndicat de toutes les données environnementales des entreprises.
  13. Notre syndicat cherchera à assurer sa croissance au sein de l’économie axée sur les technologies propres en aidant les travailleuses et travailleurs qui veulent se joindre à un syndicat et négocier collectivement avec leurs employeurs.
  14. Nous poursuivrons notre collaboration avec les fédérations du travail, les autres syndicats, les groupes environnementaux et les organisations qui partagent notre vision et nos valeurs afin de prévenir la pollution, d’investir dans nos industries pour créer des millions d’emplois et les soutenir, de réaliser l’indépendance énergétique et de laisser une meilleure planète aux générations futures.